La pointe du Christ

Posée entre la mer et les vents, la Pointe du Christ s’avance comme une sentinelle de granite à l’extrémité de Rothéneuf. Depuis ce promontoire battu par les embruns, la Côte d’Émeraude dévoile l’un de ses paysages les plus bruts : falaises sombres, éclats de vagues et lumière changeante qui transforme la mer du bleu profond au vert turquoise.

C’est ici, à la fin du XIXᵉ siècle, qu’un personnage singulier a laissé les premières traces d’un travail hors du commun. L’abbé Adolphe Julien Fouré, devenu ermite après avoir été frappé par une maladie qui l’isole progressivement, se retire à Rothéneuf. Au contact quotidien du vent, de la mer et de la roche, il commence à sculpter le granite pour en faire surgir un véritable monde imaginaire.

On découvre encore aujourd’hui les tout premiers visages qu’il a gravés à même la pierre. Rien de monumental : des traits esquissés, parfois à peine visibles, mais porteurs d’une présence étrange. Animaux stylisés, silhouettes humaines, profils taillés dans la rugosité du rocher… Chaque sculpture semble mêler légende, mémoire et inspiration personnelle. Le temps a effacé une partie de ces œuvres, mais il en subsiste assez pour mesurer la créativité et la patience du sculpteur-ermite.